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Monaco 2008

18 février 2007

L O

Les campagnes électorales ont changé de grands-messes. Finies les "Heures de vérité", les "7 sur 7", les "Face-à-face" qui ont fait les belles heures de la télévision pendant trois décennies et transformé quelques journalistes en vedettes incontournables du débat public. Place aux panels de citoyens sans grade et d'électeurs lambda ! Désormais, les "vraies gens" sont directement invités à poser leurs questions aux candidats. Sans chichis et sans médiateurs.

Ce changement d'acteurs et de scénographie en dit long sur l'état de notre démocratie... et de notre profession. Il confirme tous les symptômes du discrédit dont souffrent les médias, volontiers soupçonnés de connivences coupables avec les responsables politiques et accusés d'aveuglement, de partis pris ou d'incurie. L'enquête annuelle que vient de réaliser TNS-Sofres pour La Croix est, à cet égard, sans appel : la moitié seulement des Français pensent que les choses se sont passées comme on le leur raconte dans les journaux ou à la télévision et les deux tiers jugent que les journalistes ne sont pas indépendants des pouvoirs politiques ou économiques.

Quant à la démocratie, la demande sociale veut qu'elle soit désormais de plus en plus "participative", autant que représentative. Nous y sommes : les panels d'électeurs conviés à interroger les candidats ressemblent à s'y méprendre aux "jurys citoyens" prônés ici ou là. Avec, à la clef, de redoutables questions : ce dispositif ne risque-t-il pas d'accélérer l'affaiblissement des corps intermédiaires dont souffre, depuis longtemps déjà, la démocratie française ? Ne va-t-il pas contribuer à accentuer l'émiettement individualiste des problèmes posés, au détriment de toute visée ou projet collectifs ?

Après avoir porté au pinacle les journalistes politiques, il serait tout aussi imprudent de tordre complètement le bâton dans l'autre sens et de sacraliser, aujourd'hui, le citoyen interviewer. Indéniablement, ce dernier apporte une simplicité, une réalité, une rugosité parfois ou une émotion qui revivifient le débat. Jacques Chirac en avait fait cruellement les frais lors de la fameuse rencontre avec des jeunes avant le référendum européen de mai 2005.

Mais cette nouvelle forme de débat peut, tout aussi bien, permettre aux responsables politiques d'éviter les questionnements précis, les confrontations, les rappels aux faits ou les remises en perspective que les journalistes peuvent - et doivent - exercer. Entre l'expérience des citoyens et l'expertise des journalistes, entre la simplicité dont les uns sont porteurs et la complexité dont les autres sont comptables, la complémentarité s'impose. Dès lors que le choix des premiers n'est pas biaisé et que les seconds font leur travail.

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